Aucun mot n'apparait
Dans le vent
ne s'ouvre
que leur absence
Au bavardage
répond
le silence
Le souffle ne vibre plus
le corps ne résonne pus
Après le cri
la voix se tait
On voudrait le secours d'une pensée
Rien
Sous la peau
la solitude
Dans l'insensé de la bourrasque
la pluie
aura raison
Des pleurs
(Cahier n°12 / 21-10-2020)
Le temps de la nuit
quand d'un ciel
d'eau
plus clair
le vent lave
comme la pluie
Les clartés
"Tenir le pas gagné"
loin du tohu-bohu
des vendeurs de paroles
Celui
de l'aube
sans dieux
Quand l'embrassement seul
peut conjurer ta peur
A l'apparition de quelques branches
méandres
de ta pensée
Voici le jour
qui ne résout rien
Voici le jour
de la nuit qui te quitte
Seulement
Inexorablement
Seulement
(Cahier n°12 / 20-10-2020)
Le mur avait
reverdi
"comme une goutte d'eau"
La fougère
poussait
oblique
D'un jardin sauvage et vertical
On s'éprenait du monde
de la vie
et de l'inattendu
Ce qui par ces temps
traversés
- occupés
Tenait lieu d'une absence
d'un écart
Mais aussi d'un prodige
(Cahier n°12 / 17-10-2020)
Le ciel
(à l'image écrite)
agrandissait ce réel
atrophié
Que la pensée en place
avait réduite
à l'économie
"Economie économie mon cher Horacio"
Qui se sachant moribonde
devenait commerçante
de mort
et de police
Alors l'image écrite
Nous creusons des écarts
des échappements illicites
Les nuages striaient l'infini
couleur de sable
et le mirage surgissait
Peu de chose
Chose du réel
redéployé
(Cahier n°12 / 16-10-2020)
A l'affolement tardif
les branches
éprises de vent
perturbaient la vision
Deux oiseaux
étaient immobiles
Silencieux aussi
à la froideur
qui avait chassé la pluie
Ils goûtaient
- spectateurs
des dessins d'ombres
A l'encre de Chine
En mouvement
que le soleil
glissait dans la tourmente
L'un d'eux s'envola
l'autre ferma les yeux
Je disparus moi aussi
(Cahier n°12 / 15-10-2020)
La brume
rappelle à l'endormi
son voyage
Rêvant se dessine
sanguine
le désir des corps errants
la poussière du soleil
en suspens
Comme entre ciel
et terre
Quand d'un fantasme
égaré
s'ouvre le monde
le poème dit
ce qui ne peut
Se raconter
Plus loin encore
que l'espace
ou le temps
A l'apparition d'un baiser
Tout comme au retournement
de sa feuille
A la lumière
(Cahier n°12 / 14-10-2020)
A l'immobilité
Presque
Le surgissement d'une couleur
Le ciel
des embrassements
s'écarte à l'infini
Quelques secondes seulement
- presque
L'étonnante possibilité d'une place
où se déploierait
Le seul sentiment d'être
Un mouvement
une résonance
Cet envol
Traversant le temps
(Cahier n°12 / 12-10-2020)
A clareza
do domingo
com chuva
Exatamente
depois da chuva
Quando o pássaro
volta
e que não se sabe mais
o sonho da noite
Mas que te deixa
numa suavidade
intensa
Acreditar na vida
Sem razão
sem esperança
Estar aqui
Morando numa certa qualidade
De luz
(Caderno nº12 / 11-10-2020)
Dans le retour
d'une image même
(Les feuilles de l'automne ruisselantes de pluie)
Le souvenir
devient puissance
Comme s'écartent deux points
confondus dans le lointains
s'éloignant à leur approche
La joie
est dans le temps
Et ce "même"
se surprend
à ne plus se reconnaître
dans le miroir
Qui le figeait
(Cahier n°12 / 10-10-2020)
Quand par dessus le toit
la première clarté
fut un baiser
L'épaule se retourna
A quelle fragilité
sommes-nous accrochés
Cahiers aux feuilles
noircies d'impossibles
Nous tenons de quelques points
Un Orion
Une Ourse
Une Bételgeuse
Les lèvres sur la peau du jour
conjurent
leurs disparitions
Le poème est la trace
la trace
Une étoile dessinée
avec la poussière d'or
d'un maquillage
D'enfant
Cherchant dans son dos
le souvenir
de leurs illuminations
(Cahier n°12 / 07-10-2020)
Se devine le jour
à une espérance
certaine
Presque la nuit déjà n'est plus
dans ce qui apparaît
La feuillée en sursis
dans le gris blanchi
à la divination du vert
et de l'or
déjà
pendu à quelques branches
Ce qu'il faut comprendre
c'est que je n'écris que du temps
une certaine lumière
insaisissable
Quand le poème
a déjà disparu
qu'à l'espérance certaine
il reste ce qui n'a pas
été vécu
Que ce qui est
est un écart
Ci-gît
Cette pensée intacte de l'élan
cette aube
Cette promesse
(Cahier n°12 / 06-10-2020)
La pluie
de l'automne
reste
comme la mémoire
trop lourde
Elle se ressent plus tard
sans qu'aucun soleil
n'apparaisse
Seulement l'herbe
reverdit
le souvenir persiste
- Dans ma poche
il y a de la terre
j'étais l'été
je disparais dans la brume
La pointe du froid
brûle déjà dans le poêle
Je referme mon gilet
pour écrire un poème
à la pluie de l'automne
Quand déjà le vent
détourne
ma pensée
(Cahier n°12 / 05-10-2020)
A l'ouverture du rideau
des restes de vent
tutoyaient
le soleil
Dans le désastre
laissé
l'insaisissable
avait traversé
La liberté se forge
ouverte sur le monde
non dans le surplomb
des salons (médiatiques)
Les barrières n'arrêtent pas les tempêtes
Quand d'aucuns
par leur appropriation du langage
se séparent
Nous montrant comme
Séparés
(Cahier n°12 / 02-10-2020)
A l'aube retardée
majestueuse
d'un soleil d'eau
L'herbe gorgée
avait poussé
hirsute
Les feuilles
(presque mortes)
imitaient l'or
Et dans la solitude
restée
sans imagination
Le mouvement
perceptible de quelques branches
assurait
Cette
durée sans attente
qu'offraient sans le savoir
La joie ou la peine traversées
Je veux dire
VIVRE
(Cahier n°12 / 01-10-2020
Dans les os
la pluie
comme transi
le manque
que le corps
a laissé
D'un embrassement
la lumière est venue
comme un chant
Dans sa clarté
l'oiseau
à la légèreté du nuage
disparut
Laissant l'échancrure
ouverte
du ciel
(Cahier n°12 / 30-09-2020)
D’un bleu
sombre
et presque
transparent
La nuit
tire
son effacement
Par la couleur
s’épuise l’obscurité
Tel un peintre
abandonnant ses brosses
Ce fut le regard traversé
jusqu’au cœur
que je vis la transformation
Sans nul autre besoin
j’étais devenu
Le jour
(Cahier n°12 / 29-09-2020)
Par des ocres
différents
se dessine
la journée
La table de bois
cirée
Le mur à l’enduit
de terre
Quand le dehors est à l’intérieur
reliés tous deux
par la lumière
C’est un silence
d’offrandes
Des feuilles jaunissantes
s’accrochent téméraires
à ce qui déjà
est passé
La danse d’un oiseau
L’été
Et soudainement le soleil
portant l’étendard
d’une autre clarté
Des morts nous gardons
des souvenirs
quelques objets parfois
Une présence au monde
que certains
ont laissée
Une couleur de terre
devenue
pigment
De la beauté
à laquelle seule
Nous nous sommes raccrochés
(Cahier n°12 / 28-09-2020)
Como uma lembrança
que andaria
desaparecendo
no chão
na terra
Uma folha
na qual a época
deixou
um poema
anónimo
Sempre penso
na sua beleza
Seu surgimento
seu brilho
seu sumiço
sua lembrança
Andando desaparecendo
no chão
na terra
Uma folha
na qual essa época
deixou
seu poema
Anónimo
(Caderno nº12 / 27-09-2020)
Le peu
du devenir
de l’aube
Il pleut
Mouvement d’une danse
Comme on referme
le gilet de laine
la main droite
sur le cœur
Mille oublis
Ne restent que les pensées souvenirs
Aussi la présence
tel un rouge-gorge
quelques herbes
hirsutes
L’apparition se fait lente
disparait
Le son comme un murmure
de la pluie
Que faisons-nous
Que faisons-nous
(Cahier n° 12 / 26-09-2020)
Aux surgissements
de la beauté
des gouttes de pluie
au linteau de la fenêtre
suspendues
RIEN
Le gris ardoise
des nuages
obscurcit
la pensée
Comme transit
la première occurence
du froid
(l'idée plutôt que le frisson)
Alors le peu de cet
éclat
LA BEAUTÉ
Est étrangère au monde
car ce monde
est devenu
étranger
à lui-même
(Cahier n°12 / 25-09-2020)
Le silence
Comme la plante
déploie
ses feuilles
blanches
à la lumière
Dans la caresse
des corps
reliés par la nuit
La chaleur
écrit le poème
des rêves
TU
es là
Et dans les forêts traversées
des embrassements
Un éblouissement
Comme le souvenir
gardé
de ce qui nous protège
Déjà
Transparaissent les nervures
comme offrande
Comme prière
A la nuit
(Cahier n°12 / 24-09-2020)
Comme s'étire
la nuit
Le poème
reste
d'un embrassement
Le désir
qui les unit
comme la pluie
Devient
source
Et dans l'offrande
au ciel
Demeuré
vide
Déjà des pensées
prennent forme
de nuages
Ô images
(Cahier n°12 / 21-09-2020)
La respiration
comme la mer
à l’incessant mouvement
Reste
dans le rêve
Qui suit
le souffle
est infini
Le jour et la nuit
surgissent en images
Se transformant
Rien d’autre qu’un nuage
UN AMOUR
Comme la soudaine lumière
Le teinta
De couleurs
(Cahier n°12 / 16-09-2020)
Restait
la pauvreté
qui dans l'aube
grise
doute du soleil
Quelques noisettes au sol
ont été laissées
là
Dans la vitre
le reflet d'un ailleurs
dit aussi
l'impossibilité de partir
Ô Afrique
Ô Congo
- De Brazza je rejoindrai Rio
Et l'aube grise d'ici
comme on compte les heures
accrochera ses clartés
aux lueurs
de ces restes-là
Émiettés
aux oiseaux
en retard
(Cahier n°12 / 15-09-2020)
Pouco a pouco
não me reconheço mais
nesse mundo
Sinto-me como
um afastamento
- Acho que me envelheço
Mas sem tristeza
Hoje é sol
e no mesmo tempo
as folhas já estão caindo
Me torno uma lembrança
Sou uma criança
Sem duvida nessa vida
nada fui mais
do que um menino
Atravessando sozinho a rua
Mas hoje
hoje está diferente
porque hoje
até longe desse mundo
Não tenho mais medo
De viver
(Caderno nº12 / 13-09-2020)